Communiqué – Situation politique française au 11-10-2024
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Les premiers pas du gouvernement de Michel Barnier confirment que malgré le délai de nomination – inédit sous la Vème République – la crise politique ouverte par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée Nationale n’est pas refermée, loin de là. Les Français dans leur ensemble ne manquent pas de raisons de se sentir floués.
Le Premier ministre est issu d’un parti, Les Républicains (LR), dont les députés se sont déclarés groupe d’opposition et n’ont pas participé au « front républicain ». Ils ne représentent que 8% des députés (et 7% des suffrages exprimés). Si 10 LR ont quelques postes d’importance dans le gouvernement (comme l’Intérieur), les partisans du Président de la République y sont en position de force. La nomination de Didier Migaud ne saurait à elle seule marquer une ouverture à gauche.
A peine esquissées les premières orientations budgétaires, les membres de la coalition gouvernementale affichent d’ailleurs leurs dissensions : entre surenchère sur les coupes budgétaires par Laurent Wauquiez et refus des augmentations d’impôts par les macronistes ; divergences en matière de sécurité publique et immigration… La cohérence de cet attelage est d’entrée de jeu mise à mal, chacun ne pensant qu’à se positionner individuellement pour de futures présidentielles.
A gauche, la séquence qui s’achève a démontré l’impasse stratégique du Nouveau Front Populaire. Il est certes arrivé en tête, à la suite du rejet de la macronie au 1er tour puis du RN au second. Mais il est loin d’une possible majorité, il n’aura pas démontré une réelle capacité de mettre en œuvre, au moins, une partie significative de son programme. Le NFP apparaît aussi divisé sur des points importants (destitution du Président, conflit au Proche-Orient) ; le Parti Socialiste étale ses divisions au grand jour sur la politique à mener et sur les alliances.
Au premier tour des législatives, les Français ont largement sanctionné Emmanuel Macron, dont les candidats n’ont recueilli que 20 % des suffrages exprimés. Le deuxième tour n’a accouché que d’une addition de minorités, sans que les artisans du Front républicain, unis pour faire barrage au Rassemblement National, ne cherchent à bâtir un programme de compromis. La situation a ceci de paradoxal que le Rassemblement national, honni par les autres forces politiques et d’une large majorité de l’électorat détient le sort du gouvernement Barnier entre ses mains.
Triste spectacle qui est ainsi offert aux Français.
Il revient aux authentiques républicains de se fédérer pour refonder la vie politique et proposer au pays une alternative à l’impasse dans laquelle il est plongé.